Le chef Suisse ancien trois étoiles Philippe Rochat disparait subitement

08 juil 2015
Catégorie : Actualité Chefs & Restaurant, Chefs, Non classé

F&SL’ancien chef étoilé suisse Philippe Rochat est décédé ce jour à 9h30, à l’âge de 61 ans à la suite d’un malaise lors d’une sortie à vélo.

AFP PHOTO/GUILLAUME SOUVANT

Le célèbre cuisinier avait dirigé de 1996 à 2012 l’un des meilleurs restaurants de Suisse et du monde, l’Hôtel de Ville à Crissier, près de Lausanne, auréolé de trois étoiles au Michelin et 19 sur 20 au GaultMillau. Son restaurant avait été caractérisé en 2000 comme « le meilleur restaurant du monde » par le GaultMillau.

Un chef cuisinier proche de la perfection

« J’ai toujours recherché la perfection, le travail bien fait, le geste bien fait », avait-il expliqué à la télévision Suisse lors de son départ en 2012.

Philippe Rochat avait pris la suite du légendaire Frédy Girardet à la tête du restaurant de l’Hôtel de Ville à Crissier avant de passer la main après 32 ans dans la cuisine à son adjoint le français Benoît Violier, un ancien des cuisines de ministères à Paris puis de Joël Robuchon.

Girardet Rochat

16 ans aux côtés de Frédy Girardet 

 » C’est dur de voir qu’il s’en va si jeune « , a confié Frédy Girardet, 78 ans.  » Ce sont des choses qui font du mal; voir partir quelqu’un que l’on a eu à son service, à qui on a remis son savoir. C’est la personne avec laquelle j’ai été le plus proche en cuisine « . Du caractère de Philippe Rochat, Frédy Girardet souligne  » qu’en seize ans, il n’a jamais eu un mot. Au travail, il était sérieux, de bonne humeur. Il avait beaucoup de passion pour son métier. C’était un personnage charismatique « .

Philippe Rochat

Un choc pour les chefs de Suisse mais aussi pour la gastronomie mondiale

Sous le choc, son «  frère de coeur  » et ami Gérard Rabaey, ancien chef du Pont-de-Brent, parle  » d’un grand monsieur et d’une belle personne, un garçon entier, très généreux. Il a su faire une transition remarquable à Crissier. Reprendre une maison connue mondialement, il était le seul capable de faire ça « , a-t-il confié.  » Philippe ne faisait pas de différence entre un Combier ou une star. Il parlait avec tout le monde. C’était quelqu’un de simple qui aimait les bonnes choses « , poursuit-il.

Philippe Rochat a fait partie pendant longtemps du cercle fermé des grands chefs français dans le monde à afficher trois étoiles, il était certainement un des chefs les plus connus au monde.

Philippe Rochat

Un destin tragique

La vie ne l’avait pas épargné. Né en novembre 1953 au Sentier, il a perdu sa mère lorsqu’il était enfant. L’épouse de Philippe Rochat, la marathonienne suisse Franzisca Rochat-Moser, qui avait gagné le marathon de New-York en 1997, était morte en 2002 suite à ses blessures, après avoir été emportée par une avalanche au-dessus des Diablerets (canton du Valais, ouest). C’est donc également dans une activité sportive qu’il disparaît.

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Un commentaire pour “Le chef Suisse ancien trois étoiles Philippe Rochat disparait subitement”

  1. l r

    03. fév, 2016

    Bonjour,
    Je suis française et j’ai travaillé aux Diablerets chez M. Ferrari, pour une courte période. Je suis très touchée de la disparition de Benoit Violier, et je voulais laisser un message à Frédy Girardet, sur cette disparition incompréhensible.
    Le point faible de ce très grand chef, c’est qu’il ne dormait que 5 h par nuit, vous savez pendant des années, cela finit par miner le moral et la santé.
    Je ne comprends pas moi-même, et donc j’ai pris mon tarot de Marseille. Il était très passionné dans tout ce qu’il faisait et aussi passionné dans ses relations avec les autres. Il donnait tout de lui-même, et quand vous êtes tout le temps sollicité parfois, vous êtes fatigué avec les mots et vous dérapez. Ensuite, c’est parfois difficile de revenir devant vos propos (par exemple sur le 24 heures en décembre et la cuisine moléculaire), même si beaucoup de public pense comme vous, vous ne devez pas vous impliquer dans les choix de vos confrères, parce que l’impact médiatique sera terrible. Dans les 78 cartes du tarot de Marseille, après plusieurs tirages, c’est un personnage extraordinaire, avec beaucoup de volonté, de passion, de courage, tout lui réussissait, il était soutenu par un entourage brillant, vraiment même dans le jeu de carte : on ne comprend pas le geste. Il avait tout à la fois le souci de la réussite financière, les projets, les soutiens, le talent, l’image parfaite qu’il donnait partout, la fermeté dans le travail mais tout de même : un peu dur avec lui-même, il ne baissait jamais la pression. L’établissement a un avenir brillant, et avait un avenir brillant, mais pour lui au quotidien, dans l’instant (gestion, excellence toujours), c’est parfois difficile à le comprendre : la masse salariale, le nombre de couverts (50 à 60 seulement), le chiffre d’affaire journalier, et tout ce poids qui repose sur lui.
    Depuis ses 25 ans, il vivait à 100 à l’heure sans doute, avec sa passion du métier, et comme il vivait tout à fond comme les émotions, les départs de ses 2 pères devaient intérieurement l’avoir beaucoup affecté, le sentiment parfois de vouloir prendre (et de n’avoir pas pu le faire comme il aurait voulu) un peu de recul vis à vis du restaurant, pour profiter de ses proches. Je vois en fin de jeu, la maison dieu : il craque, mais vite compenser par de meilleures cartes (vite il se rattrape, et se repositionne vis à vis de son statut), et puis il y avait des points de vue qu’il avait évoqué sur les produits, l’authenticité des meilleurs produits en cuisine (et bio autant que possible) qu’il défendait, et les critiques qu’on lui reprochait, et le lendemain, il devait (avec toutes ces responsabilités) être confronté à tous les professionnels (même ceux qui contestaient sa nomination de meilleur cuisinier du monde), cela devait le déranger, car ses soucis étaient ailleurs, et il avait de lourdes responsabilités et être toujours le meilleur devant les médias. Il aimait la solitude (se retrouver avec lui-même) dans ses sorties à la chasse, et le contact avec sa clientèle de Crissier. Je suis aussi affectée, car il avait tout, pour être heureux, le physique, l’affaire brillante dans la campagne Suisse, non loin de Lausanne, une famille très attentive, mais il a craqué.
    Mon mari était aussi cuisinier et aussi est parti jeune, et je comprends tellement. J’espère très fort que tout ira bien pour la famille et l’avenir pour eux tous. Ml

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