A Istanbul, même pendant les manifestations, on continue à sortir dans les restaurants

22 juin 2013
Catégorie : Brèves de Comptoir, Presse & Médias

Les jeunes Turcs sont pleins d’espoirs, ils n’ont pas envie de se faire voler leurs libertés sous prétexte de l’application forcée des codes d’une religion régressiste.

Les manifestations et le mouvement actuel en Turquie représente bien une prise de conscience politique chez les jeunes Turcs. A Istanbul les gens sortent beaucoup et ont l’habitude de manger bien manger dans les nombreux restaurants, kebbab et échoppes déclinées dans les petites rues.

Depuis les premiers jours de la contestation, depuis la première nuit des manifestations à Istanbul, dans les petites rues qui bordent la place  et le parc Gezi, mais aussi dans le quartier des bars de Beyoglu, l’ambiance est tendue.

Tout est partie du parc Gezi. Quelques jours plus tôt, les premières centaines de personnes manifestaient et scandaient contre le plan du gouvernement visant à réduire le parc pour faire place à un grand centre commercial. Avec preuve de total autoritarisme, le Premier Ministre Erdogan à autorisé une immense promotion immobilière pour construire un centre commercial qui va détruire complètement ces espaces de verdure réservés à la population.

Mais bien au delà de ce combat contre les promoteurs immobiliers de ce projet et des accointances financières avec le gouvernement en place, c’est une contestation générale d’une population qui ne veux pas se voir imposer des lois restrictives à la vie de tout les jours, restriction de vente d’alcool, application de lois dictées par des préceptes islamistes… Les jeunes Turcs veulent vivre leurs croyances en toutes liberté, qu’ils soient musulmans, chrétien, athées… la Turquie a toujours vécu sa tolérance comme une affirmation du pays.

Pour protéger les yeux des gaz, les marchands de kebbab portent des lunettes de plongée.

À Istanbul le célèbre romantisme de la ville passe par la nourriture, les restaurants de poissons frais sur le Bosphore, les kebab dans les rues pavées, consommer le raki local et les bières dans les bars. Errer dans les ruelles vous procure un charme fou, mais en ce moment l’ambiance ‘y est plus, quelque chose de grave se passe. Sur la place Taksim, puis tut proche du parc Gezi, des milliers de gens protestent, les chants se font de plus en plus fort et provocants. Des banderoles anti-gouvernementales ont été hissés, des chants contre le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan demandent sa démission.

Et dès que l’hostilité au gouvernement en place devient trop pressante, les gaz lacrymogène arrivent, suivis par les lances à eaux. Les yeux commencent à brûler, beaucoup de manifestants se retirent dans les bars et restaurants le temps que les nuages ​​de gaz disparaissent. Mais la vie ne cesse pas pour autant, la nourriture est partout et disponible, les petits stands continuent à servir et même dans des conditions incroyables.

Et même si les choses se corsent lors des manifestations pacifistes, marger est une priorité. Les charrettes sont là, pois chiches frais, galettes de riz, les boulettes d’agneau sont grillées sur place, les concombres sont pelés et salés, on y boit du thé chaud, on se désaltérèrent de jus de pamplemousse fraîchement pressés et de jus de grenade. En ville, ont trouve partout le midye dolma, ces moules cuites à la vapeur servis froides et farci avec du riz pilaf.

Le plat traditionnel  » midye dolma « 

Alors, maintenant par habitude, la police lance des gaz lacrymogène sur les manifestants qui sont à 100 m, certains vendeurs de kebab ambulants servent munis d’un masque chirurgical et continuent à trancher la viande. Dans les restaurants des quartiers environnants la place Taksim, on plaisante en disant que l’on va  » avoir sur sa nourriture un spray au poivre, qui vous fera pleurer en mangeant « .

À Kadiköy sur la rive anatolienne de la ville, d’où vous aurez une vue imprenable sur le détroit d’Or et le Bosphore c’est un monde à part, tout est calme, de temps en temps une foule d’adolescents brandissant des drapeaux partent direction les lieux de manifestations. Ici on y déguste un plat divin le lahmacun : de la viande d’agneau haché et pimenté servi sur une croûte cuite au four, le tout accompagné d’une salade de persil plat et d’un trait de citron frais.

Telle une pizza le  » Lahmacun « 

Du côté du Bosphore, vous trouverez un peu de répit en allant manger les fameux mezze dans les nombreux restaurants, une pause pour de nombreux manifestants avant de rejoindre le front de la protestation.

La réussite économique de la Turquie se constate par la construction de nombreuses tours de verre et par les gigantesques hôtels internationaux, mais la préservation du patrimoine historique reste une affirmation de l’identité de la ville, la population n’a plus envie de se voir dicter par les intérêts financiers débouchant sur la construction d’une ville sans âme. La promesse d’un référendum du gouvernement pour décider du sort du parc de Gezi, ne changera plus rien, la population n’a plus envie que l’on décide pour ellle.

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