Depardieu : profession restaurateur et épicier à Paris

17 jan 2013
Catégorie : Actu Pourcel France

Gérard Depardieu, l’acteur est immense, chez lui jouer la comédie est un don, il joue sur scène comme dans la vie, mais même si sa vie est un jeu, c’est avec gourmandise et sans faux-semblants qu’il l’a dévore.

Gourmandise, c’est justement de cela qu’il s’agit, franchouillard, gueulard, rigolard, amoureux des mots et des textes, il vit ses passions intensément, et une qui l’a suivie toute sa vie, c’est la cuisine.

Avec le chef Jean Bardet et Pierre Richard.

Même si certains se permettent encore d’en douter, aucun doute que Gérard Depardieu soit à l’image du vrai Français que l’on voudrait rencontrer plus souvent, celui qui aime le vin, celui qui adore la bonne bouffe, celui qui est passionné de produits, de terroirs, celui qui connaît les producteurs, les paysans, les éleveurs qu’il fréquente d’ailleurs. N’est-ce pas ça aussi être français ?

 » Il a déjà eu mille vies, la sienne et celles de tous les rôles qu’il a joués « , écrivait, il y a quelques jour, son ami Jacques Attali sur l’Express. Il est libre, il l’a toujours été d’ailleurs, son histoire est fascinante. Il a commencé rebelle pour devenir une icône du cinéma mondial, puis vigneron, puis paysan, puis commerçant, puis restaurateur… mille vies d’ailleurs suffiront-elles à le rassasier ?

Il a été initié au vin par son ami fidèle Jean Carmet. Cette passion ne le quittera plus, une amitié et une admiration qui dureront jusqu’à la mort de Carmet en 1994.

Quand on lui demande « Pourquoi avez-vous décidé de faire du vin ? » il répond sans concession « J’aime le vin, mais je ne voulais pas me contenter de le boire. Je voulais apprendre. Je ne voulais pas faire le critique, celui qui parle de vin ou de cinéma sans savoir en faire. Je l’ai dit à Jean Carmet. Lui c’était un baladin des vignes. Je lui ai dit : « Tu ne peux pas parler de vin sous le regard des autres. » J’ai fait du vin pour lui. Puis Jean a fait son vin, un blanc, à Tigné, la cuvée  » Jean Carmet « . »


Vigneron sur les terres d’Anjou et son Château de Tigné, vigneron encore avec ses « Vins de Garage »  comme il les appelle, tous réalisés avec le propriétaire bordelais et ami Bernard Magrez (Château Pape Clément). Produits dans plusieurs régions de France, mais aussi en Algérie et en Italie, ce sont de pures merveilles aux noms évocateurs comme « Le Bien Décidé » sur le terroir d’Aniane, « En Silence » en Saint-Chinian, « Si mon Père savait » en Roussillon, « Confiance » en Bordelais, « Ma Vérité »… « L’Esprit de la Fontaine », « Cyrano », « Tora Spiritus Sancti », tous de vrais nectars, des jus issus des plus belles terres, sans mécanisation, travaillés dans la plus grande tradition vinicole.

Il a rencontré les plus grands vignerons : G. D. Ces gens-là, c’était des vignerons, tout simplement. Ils ne parlaient pas, ils avaient leur truc à eux. Un vrai vigneron, il ferme sa gueule. Il fait du vin, point ! Ceux qui goûtent, qui parlent autour, qui font de la philosophie, c’est autre chose. Il y a très peu d’artistes dans le vin, c’est la terre qui donne. Le vrai vigneron, il ferme sa gueule. Comme à La Grange des Pères (un domaine réputé du Languedoc).



En dégustation imbattable :  GD « Ça, c’est un Fonsalette 1983 de Jacques Reynaud. Ce millésime n’a jamais été mis en vente, les gens le trouvaient trop dur (haussement d’épaule). J’ai tout racheté, tout ! Ça, c’est fabuleux. Huet 1971, un semi-liquoreux de Vouvray. Huet père, Gaston ! Il a été le premier à s’intéresser à la Chine ! Je l’ai connu, je l’ai rencontré, son gendre aussi, Noël Pinguet (il vient de quitter le domaine ). Il faut voir les hommes de ces terres. Même Guigal. On était associés, j’avais 25 % d’une vigne de Condrieu avec lui. Je lui ai revendu ma partie en 2011. Ça, c’est un châteauneuf-du-pape, Vieux Télégraphe.
 (source)

Le vin, il le goûte bien et beaucoup, il a le tarin et le gosier pour ça, mais Gégé est énorme, il aime avec passion, il dévore la vie, la brûle même. Il sait comment il faut travailler les vignes, comment il faut faire du bon vin, il en connaît tous les secrets de sa réalisation, toutes les techniques, toutes les étapes de la vinification, il adore en parler avec son cœur pendant des heures.

  

Avec Carole Bouquet, il partage la passion de la terre, du vin et des bons produits, une passion commune qui a amené l’actrice à produire son propre vin le « Sangue d’Oro » sur l’île italienne de Pantelleria en Sicile.

Et la cuisine vous direz-vous ?… La cuisine c’est son pêché gourmand. Etre en cuisine, pour lui c’est comme être sur scène, il vibre dès qu’il approche d’un fourneau, il goutte, il veut savoir, il veut comprendre… il est fou amoureux de bons produits, les viandes cuites au cordeau, les côtes de bœuf pantagruéliques, les canards sauvages et les magrets à la rôtissoire… Il adore manger, en confidence, il dira même que cette abondance de nourriture dont il a besoin vient de son manque de nourriture quand il était gamin, inconsciemment il a toujours peur de manquer.

En cuisine avec son chef Laurent Audiot.

Cinq restaurants et commerces après, il se sent parfois plus restaurateur qu’artiste, « La Fontaine Gallion », « Le Bien décidé », « L’Écaille de la fontaine », ces restaurants et boutiques sont aussi sa famille, le soir il en fait le tour, va saluer les clients et ses équipes, discute avec les chefs, goutte les derniers arrivages, contrôle la fraîcheur son obsession, sa gourmandise n’a de limite que son ventre. Une poissonnerie, une boucherie, une boutique de bons produits. Il a mis son cœur et son âme dans ces petits commerces qu’il aime et maintient au cœur de Paris.

« Avant tout, je suis un sensuel ! J’adore toucher à mains nues et je préfère manger avec les doigts plutôt qu’avec des couverts, pour sentir la tendreté de la viande ou le croquant d’un légume. Un aliment que j’ai touché me paraît meilleur au goût «  déclame-t-il avec fougue. Pour lui, la cuisine est une véritable passion, une sorte de philosophie qui apprend à respecter la nature. L’ogre au palais finement aiguisé affirme qu’il est restaurateur  » parce que la cuisine est quelque chose de généreux « . Il raconte la joie qu’il éprouve à dénicher les meilleurs produits et à rencontrer les artisans. Sa curiosité l’emmène dans le monde entier.  » Où que je sois en tournage, je passe une tête dans les cuisines et je demande au chef de m’expliquer son savoir-faire.  » Son restaurant, La Fontaine Gaillon, est la réalisation d’un rêve…

Les frères Pourcel et Olivier Château ont partagé depuis de nombreuses années de belles choses avec G. Depardieu, dans les vignes en Languedoc, dans les cuisines au Jardin des Sens, dans les cuisines à Londres, dans les cuisines à Shanghai. Ils ont fait ensemble des rencontres improbables, et ont des souvenirs de générosité qui ont à jamais marqué leurs carrières. Un pigeon rôti pour le petit déjeuner en cuisine à Montpellier, un canard laqué dans un restaurant à Shanghai, des arrivées en scooter à Montpellier, la visite du domaine de Marlène Soria…  Alors Depardieu, on l’aime parce qu’il est unique, entier, passionné et fidèle en amitié.

En cuisine à Shanghai avec J. Pourcel.

En dégustation de vin avec J. Pourcel et O. château.

  

Sur la terrasse du Jardin des Sens, avec Fanny Ardant… avec L. Pourcel, L. de Carrière et O. Château.

Inoubliable, anthologique même la rencontre Louis Nicollin, Georges Frêche et Gérard Depardieu à Shanghai.

Depardieu est un entrepreneur et aujourd’hui les entrepreneurs se posent des questions sur leur avenir, la conjoncture est hasardeuse, la fiscalité est insupportable, le riche et l’entrepreneur sont pointés du doigt, le riche entrepreneur a forcément des casseroles, le cœur et la raison n’y sont plus. La croissance ne viendra pas par l’impôt, mais par l’investissement, l’innovation, le goût d’entreprendre, le talent, le travail, la transmission aux jeunes. Le dynamisme économique doit être au service de tous, la France doit respecter la réussite et prendre soin des moins favorisés, c’est avec cet équilibre que naîtront les emplois. Les politiques qui mènent le pays depuis 30 ans nous amènent contre un mur, et en ce moment, le mur approche dangereusement.

Voilà, Depardieu est comme ça, n’en déplaise aux Torreton, Pulvar, Désir… et tellement d’autres, tous ces personnages, tous ces donneurs de leçons, ceux qui la ramènent sans cesse pour exister et qui ne sont finalement pas des jouisseurs, qui n’aiment pas la vie… quelle tristesse pour eux, c’est même parfois minable comme dirait le Premier Ministre !

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7 commentaires pour “Depardieu : profession restaurateur et épicier à Paris”

  1. jean-patrick

    17. jan, 2013

    Superbe papier. Moi je l’aime bien notre Gerard

  2. gefffoy alexandre

    17. jan, 2013

    Superbe papier et magnifique photo, Mr Depardieu a fait enormement pour le cinema et encore plus pour le terroir Francais, vin et gastronomie! apres avoir vecu 10 ans a Moscou…je peux vous dire qu’il reviendra grandit de cette experience!

  3. Tang

    17. jan, 2013

    Bizarre de vous lancer juste à ce moment dans la défense de l’image d’un homme dont l’attitude est plus que petite. A t-il besoin de cela. J’en doute! Il est ce qu’il est, trop riche pour ne pas être avare, et concéder au delà de sommes coquettes quelques efforts pour son pays.
    Ceci l’empêche t-il de lancer de nouvelles affaires? J’en doute. Juste un caprice de star dont l’essentiel de la carrière est derrière lui. La discrétion en toute chose est préférable. Quand aux sordides mésalliances avec une dictature de pacotille, vous n’en parlez pas
    Dois je comprendre que vous en êtes également?
    Seriez vous aussi donneur de leçons.
    Bien dommage pour vous que d’écorner votre image pour si peu!

  4. Catherine

    17. jan, 2013

    Bonjour Messieurs Pourcel,
    Selon moi, pour mieux servir votre propos sur G.D., votre billet aurait du s’arrêter sur les mots « unique, entier, passionné et fidèle en amitié ». Le beau portrait que vous faites de G.D. en aurait alors pris plus de sens et de vérité.
    Cordialement
    Catherine

  5. Jean-Louis

    17. jan, 2013

    Bonjour,
    Je ne sais qui a écrit votre article, il est vraiment super et reflète la personnalité d’un immense épicurien. Et un épicurien est effectivement libre, généreux et aussi un peu fou. Cette folie est son charme et je ne doute pas du sens du partage de cet immense artiste, hors norme socialement.
    Dommage que votre conclusion ne soit pas à la hauteur de la générosité exprimée par l’écriture, en manoeuvrant de la sorte pour en faire un billet d’opinion vous désacralisez la vertu. Toutes les qualités de GD, ne sont ni de gauche ni de droite, ce sont des qualités normales pour un épicurien, seule l’analyse peut être discutée. D’ailleurs, il est surprenant que tous ceux qui l’ont soutenu quand il est parti en Belgique, commencent à la critiquer depuis qu’il est citoyen Russe. Bon Poutine a besoin de com sur les JO d’hiver et la coupe du Monde de football, et je pense que le mal est là. Comme GD, n’a plus rein à foutre de toutes ces mesquineries, il se fait peut-être manipuler par générosité., votre papier en est la preuve. N’en voulez pas à Torreton aussi maladroit que GD, pour exprimer sa déception, c’est un immense comédien de théâtre qui comme tous les gens de théâtre ne se fait pas mousser. N’en déplaise à gad elmaleh la notoriété ne suffit pas pour avoir du talent, et ce dernier en est la preuve. Pour finir par un note humoristique, je trouve que votre cliché avec Nicollin, Frèche et GD, est surréaliste, moi qui suis fan et travaille dans le rugby, je peux affirmer que nous avons là une première ligne de choix et de poids. Vous devriez créer une équipe Epicure XV, je peux vous trouver quelques noms.
    Merci. Amicalement.

  6. Brigitte

    17. jan, 2013

    Quel sujet ! Article fort bien écrit, beau portrait… Je comprend votre enthousiasme et respecte votre sens de l’amitié, , en même temps, on peut être profondément agacé (et je le suis) par le côté diva du personnage, hors de la réalité du commun des mortels…
    Brigitte

  7. maitre quenellier

    18. jan, 2013

    Pour vous répondre,Monsieur Tang,je crois que Monsieur Depardieu n’a pas quitté la France il y a des années, faisant de lui quelqu’un de mesquin.Non,il quitte la France qu’il aime tant,avec sa culture et son vin,car la France d’aujourd’hui,comme beaucoup d’entre nous,ne lui convient plus.Nombre de français quitte le pays pour bien d’autres raisons que fiscales.Si c’est son choix,je ne vois pas en quoi il est blamable.
    Pour ce qui est de la Russie.Une dictature dites-vous ? Qui êtes vous pour critiquer une si grande nation qui siège à l’ONU et dont la souveraineté est inconstetable ???? ce n’est pas parce que le modèle français (que M.Depardieu quitte) est diffèrent qu’il est forcément meilleur.
    Sur ce,merci aux frères Pourcel et à notre Gégé national ainsi qu’à tous ceux qui font vivre la cuisine française hors de ses frontières.

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