Faute d’excellence, il n’y aura pas de Yquem en millésime 2012

08 jan 2013
Catégorie : Produits Saison marché

C’est le Figaro qui s’est fait l’écho de cette nouvelle assez unique dévoilée par le journaliste Bernard Burtschy. Pour en savoir plus, lisez ci-dessous ou cliquez sur le link. Extraits…

En réponse à une vendange décevante, le château a décidé de ne pas produire de millésime 2012. Un choix courageux.

Il n’y aura pas d’Yquem 2012. « Les degrés potentiels n’ont quasiment jamais dépassé les 19°. Or, nous ne ramassons pas de raisins à moins de 21° », se lamente Pierre Lurton, le directeur général d’Yquem. Comme en 1900, 1915, 1930, 1951, 1952, 1964, 1972, 1974 et 1992, il n’y aura donc pas d’Yquem millésimé 2012. La propriété possède 102 hectares. Sur une surface équivalente, un cru de vin rouge produirait plus de 500 000 bouteilles.

La production d’un vin liquoreux, et singulièrement dans les propriétés qui ne font aucun compromis, n’est pas une affaire simple. À Sauternes en général et à Yquem en particulier, chacun attend l’intervention de la facétieuse pourriture noble qui, seule, permet d’atteindre les degrés élevés de concentration en sucre. Comme il faut 17 grammes de sucre par litre pour obtenir un degré d’alcool, les fameux 21° potentiels correspondent à 357 grammes de sucre par litre, ce qui est phénoménal. Rappelons toutefois qu’à l’arrivée, le vin ne fera pas 21°. L’équilibre final d’un Château d’Yquem est, comme en 2009, de 13,8° et 136 grammes par litre.

La pourriture (le botrytis) se déclenche en présence d’humidité et attaque la grappe par le bas. Si le beau temps s’installe, le champignon responsable de cette pourriture recouvre alors le fruit d’une pellicule, visuellement peu engageante, et pompe l’eau des raisins, d’où la concentration en sucre. Cinq à sept passages dans les vignes sont nécessaires pour ramasser, grain par grain, les baies atteintes de pourriture noble. Ce type de tri représente une tâche immense. Si les conditions ne sont pas parfaites, il faut envoyer une équipe de nettoyage pour que la pourriture que l’on nomme  » grise  » ne se propage pas. Le coût de cette main-d’œuvre très spécialisée, capable de distinguer une pourriture noble de l’ignoble, rend les vendanges particulièrement coûteuses.

Puissance, élégance et complexité.

Au demeurant, la configuration météorologique très particulière, humidité puis beau temps, est très improbable : « En 2012, nous avons ramassé au début des choses intéressantes, puis la pluie, beaucoup de pluie, a fait déraper le millésime ». D’habitude, Yquem produit environ 100 000 bouteilles, soit tout de même cinq fois moins qu’un cru de rouge. Cette année, la perte peut se chiffrer à 25 millions d’euros, mais il ne faut pas raisonner comme cela. Plus que tout autre château, Yquem œuvre dans le registre de l’excellence et s’en donne les moyens.

Des millésimes comme 2001 et 1988 sont au sommet absolu, ces années à la météorologie parfaite Yquem s’avère plus que parfait. En 1967 – un millésime qui ailleurs ne reste guère dans les esprits en raison de la pluie -, Yquem a pris tous les risques (comme en 2012) mais a gagné en engendrant l’un des plus grands vins de son histoire. Des millésimes comme 1982, splendides dans les rouges, mais un peu moins réussis dans les liquoreux, voient un Yquem très aérien. Dans tous les cas de figure, le style maison reste un mélange inimitable de puissance, d’élégance et de complexité, sans jamais écraser le palais. De mémoire de dégustateur, il n’existe pas d’Yquem raté. Peu de crus dans le monde peuvent se vanter d’une telle performance. Dans ce contexte, la non-production du 2012 est une conséquence logique de cette politique.

Un nectar hors du commun.

Chaque pied de vigne reçoit en moyenne cinquante soins par an et il produit, au mieux, un verre d’Yquem. Il faut réunir toutes les conditions nécessaires mais pas toujours suffisantes comme en 2012, pour obtenir un nectar hors du commun.

Donc, gardez en mémoire, le Millésime 2012 n’existera pas… mais le journaliste du Figaro ne nous dit pas de ce qui sera fait de la récolte 2012 qui, dans tous les cas, est entrée en cave ?

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