Laguiole victime de parasitisme économique… et des contradictions de la mondialisation

04 oct 2012
Catégorie : Bonnes adresses, Chefs

Michel Bras en première ligne pour défendre son village.
En effet, le village aveyronnais de Laguiole s’est débaptisé symboliquement pour dénoncer un jugement qui l’empêche de se réapproprier son nom et permet à un entrepreneur de s’en servir pour vendre des couteaux et ustensiles de mauvaise qualité fabriqués souvent en Asie.

Dépossédée de son nom, la ville aveyronnaise, célèbre pour sa fabrication de couteaux depuis le XIXe siècle, vient de se voir déboutée de son recours en justice pour continuer à exploiter son nom, et crie son indignation en retirant symboliquement, le panneau du village.

Déposée comme marque en 1993 par Gilbert Szajner, Laguiole est la propriété de ce particulier du Val-de-Marne qui exploite la commercialisation de coutellerie sous ce nom mais aussi de linge de maison, vêtements, briquets et barbecues, le plus souvent importés d’Asie, auprès de revendeurs français et étrangers qui lui achètent des licences. Le nom de Laguiole a été déposé dans 38 classes, une vraie toile d’araignée

Privée de la possibilité d’utiliser son nom comme elle l’entend et s’estimant victime de « parasitisme » économique, la commune de Laguiole a donc demandé au tribunal de grande instance de Paris de prononcer la « nullité des marques » et la « tromperie » envers les consommateurs sur l’origine des produits.

Mais la justice n’a pas retenu ces motifs, estimant que la notoriété du village n’est pas établie. Si la bourgade de 1 300 habitants est connue, c’est plutôt par des couteaux dont le nom est devenu générique et qui ne sont pas fabriqués exclusivement sur son territoire. Un cas d’école pour toutes les communes de France : une personne peut détenir un monopole commercial sur le nom d’une collectivité à son détriment et celui de ses administrés.

Véritable coup dur pour l’économie locale, le nom de la commune est utilisé ailleurs en toute légalité alors que le savoir-faire est développé ici depuis des décennies, et que l’on ne peut pas l’utiliser sur place. Défendre son patrimoine et son économie, la réalité de nos activités et les valeurs artisanales et dans le même temps, se laisser submerger par la mondialisation, tel est le constat.

Malgré un solide comité de soutien avec les élus de région et les grands noms de la commune, comme le chef étoilé Michel Bras, le coutelier La Forge de Laguiole et le fromager Coopérative Jeune Montagne, le sort semble en être jeté pour Laguiole.

Une nouvelle piste redonne aussi un peu de motivation aux Laguiolais. La possibilité d’obtenir une Indication géographique protégée (IGP) – label européen d’origine et de qualité jusqu’alors réservé aux produits alimentaires pour authentifier leur origine et défendre les noms géographiques – serait à l’étude avec le ministère de l’Agriculture.

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3 commentaires pour “Laguiole victime de parasitisme économique… et des contradictions de la mondialisation”

  1. SZAJNER

    05. oct, 2012

    Bonjour,
     » couteaux et ustensiles de mauvaise qualité fabriqués souvent en Asie « , il faut d’abord tester.

    Et que dire de Bras avec ses couteaux japonais…..( fabriqué en Asie ) Lire article de vendredi dernier du journal : Le nouvel HEBDO de l’aveyron

    Bien à vous, Gilbert SZAJNER

  2. Cassandra

    05. déc, 2012

    Petite remarque lalicexe : le Web ne se consomme pas, tout comme un contenu ne se consomme pas. Le Web se consulte , tout comme un contenu se consulte . Attention e0 ne pas ce9der trop souvent e0 ce tic de langage de marketer, qui revient un peu trop souvent, je trouve, et qui me semble grandement re9ducteur pour qualifier l’expe9rience qu’un usager peut faire du Web ou d’un contenu. Exemple facile : quand je navigue sur Wikipedia ou sur ce blog, je ne consomme rien, mais je consulte beaucoup.Amitie9s,

  3. Laguiole

    14. jan, 2013

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