En Espagne, la restauration souffre de la crise, les bonnes tables trinquent…

27 juil 2012
Catégorie : Brèves de Comptoir

L’Espagne souffre de la crise, la restauration de tous niveaux confondus est lourdement touchée. Même s’il semble que les grands noms de la gastronomie espagnole résistent bien, surtout ceux situés près des frontières et dans les régions les plus prospères, c’est beaucoup plus dur pour d’autres. 

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L’intensité de la crise économique en l’Espagne se fait ressentir dans la restauration. Les restaurants populaires de tapas sont aussi très touchés, les clients qui dépensaient auparavant 14 euros en moyenne pour un repas, ont diminué d’un tiers leurs dépenses, soit environ 10 euros seulement octroyés pour un dîner.

Certains propriétaires de bar tapas familiaux issus d’une troisième génération, n’en croient pas leurs portes caisses enregistreuses, la crise touche toutes les couches de la population, les restaurateurs ont vu le nombre de clients diminuer subitement.

Beaucoup de jeunes se tournent vers l’étranger pour aller trouver du travail, la baisse des revenus limite les sorties au restaurant, dans certains quartiers de Madrid comme par exemple autour de l’église de San Pedro, un restaurateur installé là depuis 14 ans, compte 25 fermetures de restaurants dans ce quartier historique.

Rares sont les commandes de bouteilles de vin, on boit moins, on mange moins, d’autant que l’atmosphère est au pessimisme. Bientôt quatre années de crise économique se seront écoulées depuis les premiers symptômes de 2008. Le navire  » Espagne  » s’enfonce toujours plus dans la tempête et l’économie est chahutée comme jamais.

Alors l’Espagne considérée longtemps comme le pays du renouveau européen avec sa cuisine gastronomique chic d’avant-garde (cocina de Vanguardia, comme on l’appelle ici) et son industrie hôtelière, sont sous le choc, comment vont-ils résister ?

Dans un pays où le taux de chômage est le plus élevé en Europe (24 pour cent et pratiquement 50 % chez les jeunes), où le déficit budgétaire a récemment forcé le gouvernement à augmenter les impôts, menaçant d’éroder la consommation supplémentaire, la restauration s’inquiète.

Les carafes d’eau, les pichets de vin refont leurs apparitions, les repas cuisinés à la maison reviennent en force, les invités amènent le vin.

Réduction de prix et réduction des portions, vont de paire. Certaines tables gastronomiques ont changé de concepts, on adopte des formules plus décontractées et plus abordables par peur de ne pas durer. Un vrai défi pour la restauration haut de gamme, notamment pour les restaurants qui sont classés dans le palmarès des meilleures tables du monde. L’Espagne pourra-t-elle maintenir son élan créatif ?

Ferran Adrià est persuadé que les meilleurs restaurants sont à l’abri de la récession. 20 ans de dur travail et de créativité culinaire sont les fondations et la solidité de la restauration haut de gamme d’aujourd’hui déclare-t-il.

La pire année pour l’industrie de la restauration est 2009, lorsque 5 000 restaurants et bars ont fermé, selon un rapport annuel de la société Nielsen en Espagne. Mais la disparition de restaurants a continué avec une force implacable pendant la crise : 4 000 en 2010 et 3 000 en 2011.

Madrid, Barcelone, Valence, Séville, dans toutes les grandes villes, on ne compte plus les fermetures des tables célèbres et reconnues par les guides, même les restaurants branchés sont touchés comme Hakkasan à Madrid qui a définitivement fermé.

Le secteur de la restauration est durement touchée, de plus, les touristes étrangers arrivent sur des vols à prix bon marché, grâce aux vols low cost ils dépensent moins. De 2007 à 2010, plus de 2 000 restaurants et bars ont fermé à Séville, une diminution de plus de 16 %, selon des chiffres publiés par La Caixa Banque.

Les tapas espagnoles traditionnelles reviennent en force, mais aussi des produits plus abordables comme les tacos de style mexicain, les concepts de burger, des brasseries avec des plats à moins de 10 euros… Il faut offrir des alternatives moins onéreuses, plus économiques affirment certains chefs.

Les grands chefs ont mis l’Espagne sur le podium des restaurants gastronomiques mondiaux, mais le cycle économique actuel impose de revoir l’offre, estiment de nombreux experts du secteur.

L’Espagne reste incroyablement créative en matière de gastronomie et l’ambition est là, mais trop de nouveaux chefs ont cru probablement penser qu’ils pouvaient tous devenir des Adrià, certainement avant d’apprendre à tirer le meilleur de la tortilla.

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