Caravage : Exposition phénomène de l’été au musée Fabre à Montpellier

24 juin 2012
Catégorie : Actu Pourcel France, Bonnes adresses, Events & Party

 Montpellier reçoit en exposition, l’exceptionnel Caravage.

Exceptionnelle, l’exposition présentée, depuis hier, par le musée Fabre. Un rendez-vous que l’on viendra certainement de loin honorer, car il y a très longtemps qu’il n’y a pas eu en province française une exposition majeure d’une envergure internationale.

Michelangelo Merisi a porté une révolution, imposé des codes picturaux à l’art de son temps, à des générations de suiveurs au-delà de sa mort précoce, à 39 ans, dans des circonstances demeurées mystérieuses. Il fut adulé, somptueusement rémunéré par l’aristocratie romaine du début du XVIIe, il fut aussi un paria condamné par le pape pour l’assassinat d’un homme. On l’a décrit peintre et voyou, l’histoire a gardé la tragédie de son destin et celle qui marque son œuvre. Une légende est née !

Le Figaro titrait cette semaine  » Le Caravage : l’onde de choc d’une superstar  » et de rajouter  » un séisme de magnitude 7 suivi d’une onde de choc dans toute l’Europe. Ce cataclysme, encore plus beau que formidable, a eu lieu autour de la mort du Caravage, en 1610. Dès son vivant, et jusqu’à la moitié du XVIIe siècle, le Lombard maudit pour ses frasques et sa violence a été vénéré pour ses clairs-obscurs aussi réalistes que divins et sa manière unique de faire s’interpénétrer le sacré et le profane. En l’espace de quarante petites années, il aura été copié, imité, décliné à foison. Jusqu’à avoir inspiré de près ou de loin quelque trois mille tableaux, selon les spécialistes.  »

Un paradoxe pour ce maître sans atelier ni école, qui ne dessinait pas et dont les œuvres sont rares, il en subsiste aujourd’hui une petite soixantaine d’incontestables. Michel Hilaire, conservateur du musée Fabre de Montpellier, a travaillé pendant douze ans à la conception de cette double exposition d’une richesse époustouflante, qui réussit à rendre compte de cette déflagration-fécondation en 140 pièces de premier ordre, des huiles essentiellement et aussi quelques dessins.

À Montpellier, neuf tableaux du maître y sont réunis, une performance, mais aussi beaucoup d’autres (64), ceux des peintres du premier cercle  » les suiveurs « , ceux qu’il a inspirés, ceux qui l’ont connu, comme Orazio Gentileschi, le père d’Artemisia, ceux qui ont manqué de le croiser, comme le mystérieux Saracini… Puis les années romaines (1610-1630), avec notamment Valentin de Boulogne et Manfredi, un mouvement Caravage est né.

Caravage  » les tricheurs « .

Reniements de saint-Pierre, Christs outragés, têtes coupées celles de Goliath et d’Holo­pherne, on en compte dix ici, scènes de genre avec tavernes, diseuses de bonne aventure, bohème, gueux et bas-fonds, Caravage c’est la transgression de la vraie vie.

Le parcours continue avec une section plus large, baptisée « La tentation caravagesque ». Y sont regroupés les artistes ayant à un moment ou à un autre été séduits par la Vie de saint-Matthieu. Puis, place aux sudistes, Caracciolo le disciple, mais aussi les Espagnols : le jeune Vélasquez, Zurbaran ou encore Ribera… Cette visite se conclut aussi lumineusement qu’elle a commencé, avec une autre comète de la peinture, Georges de La Tour. Sept huiles du Lorrain sont là. Son Vielleur… son Tricheur… du Louvre et sa Madeleine à la flamme fumante, venue de Los Angeles, forment une apothéose.

Près de la moitié des tableaux présentés à Toulouse et Montpellier proviennent du réseau de musées FRAME. Depuis sa création en 1999, à l’initiative d’Elizabeth et Félix Rohatyn, ambassadeur des États-Unis à Paris de 1997 à 2000, le French Regional American Museum Exchange favorise la coopération culturelle entre 26 des plus grandes institutions régionales françaises et d’Amérique du Nord. Entre ces 26 membres, les dossiers de prêts sont accélérés, les politiques d’échanges intensifiées et la recherche de mécène améliorée. À l’inverse, le risque de voir se développer la location d’œuvres se trouve découragé.

Pour « Corps et ombres, Caravage et le caravagisme européen », 24 tableaux ont ainsi traversé l’Atlantique. Ils sont partis de Los Angeles, San Francisco, Cleveland, Dallas, Denver, Saint-Louis, Kansas City, Minneapolis ou encore de Montréal. En retour, l’exposition sera présentée dans une version unique et condensée au Los Angeles County Museum of Art du 11 novembre au 10 février 2013, puis au Wadsworth Atheneum de Hartford (Connecticut) du 8 mars au 16 juin 2013.

Jusqu’au 14 octobre.  www.montpellier-agglo.com/museefabre et www.augustins.org  
Catalogue Cinq Continents, 500 p, 39 € .

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