Françoise Bernard, la mémoire de la cuisine des familles françaises

20 mar 2012
Catégorie : Art, Culture & Traditions

Une de nos lectrices assidues du blog, nous a transmis cet article sur Françoise Bernard diffusé par l’Afp… Vous ne connaissez pas Françoise Bernard ? Et bien, dites-vous bien, que c’est elle qui a bercé de nombreuses générations de cuisinières en herbe, c’est la mémoire vivante de la cuisine de famille. Il n’existait pas une jeune mariée qui n’ait pas dans son trousseau de mariage un livre de cuisine de F. Bernard, sans parler des fiches de recettes qui étaient découpées minutieusement et classées. Aujourd’hui, à plus de 80 ans, elle n’a visiblement pas perdu sa passion pour la cuisine… Toquée l’Artiste !

Françoise Bernard est à l’image de ses recettes, dont les recueils bestsellers sont sans cesse réédités depuis 1965 : sans prétention et efficace. Pour la pimpante octogénaire, faire à manger a toujours été une gourmandise mais « surtout une nécessité pratique ». 

 »Si on ne mange pas, on ne travaille pas, disait ma mère », résume-t-elle, affirmant n’avoir appris à ses côtés que « peu de choses, sauf l’essentiel : le goût de manger ».

En sortant de la guerre, où il n’y avait « rien à bouffer » sauf « des nouilles à l’eau et au sel », elle savait tout juste « cuire un bifteck », se souvient cette élégante qui reçoit l’AFP dans son appartement bourgeois en pull rose et rangée de perles. 

Secrétaire chez Unilever, qui vend à l’époque margarine et huiles alimentaires, elle s’ennuie « comme un rat mort » quand l’agence de publicité du groupe décide de créer en 1946 le nom de Françoise Bernard (« c’était les deux prénoms de l’année ») pour en faire leur spécialiste « fiches cuisine ».

« J’ai incarné cette femme pendant 25 ans et ils m’ont revendu, de façon très convenable, le nom » pour continuer une carrière à la radio, à la télévision du Luxembourg et dans l’édition, explique Andrée Jonquoy, alias Françoise Bernard. Plusieurs quotidiens publient alors sa recette du jour « avec une photo du plat et ma bouillotte ». 

Aidée de cuisiniers et d’une diététicienne, elle multiplie les livres de recette, dont l’inusable « Les recette faciles ». Pendant quinze ans, elle reçoit un courrier démentiel. « C’est la communion de mon fils, j’ai tel légume dans mon jardin, telle volaille et on sera 25″, illustre-t-elle, embauchant jusqu’à vingt dactylos pour répondre à la demande.

Apprendre la cuisine en la faisant « La chance, on l’attrape ou pas. J’avais un tempérament optimiste et j’en voulais », dit-elle, ajoutant d’un sourire : « Je me suis bien amusée ». Comme si c’était fini. Certaines recettes, dans les rééditions récentes, font appel à une macédoine ou des asperges en boîte, alors que l’époque ne jure que par le frais, le saisonnier, le bio. Françoise Bernard assume.

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Pour les femmes qui travaillent, ont une famille et peu de temps… D’emblée, elle s’adresse à des femmes « moyennement délurées » côté cuisine, qui travaillent, ont des enfants et peu de temps à perdre pour « nourrir les siens ». « J’ai voulu les prendre par la main pour qu’elles apprennent, comme moi, la cuisine en la faisant ».

Elle s’efforce de faire « le plus simple, le plus clair possible », s’interdisant tout jargon. 

 »Je leur fais partager ma petite expérience, sans les écraser de ma science », dit-elle, livrant sans doute l’une des clés de son succès. Le texte est court. Suivent quelques tours de main ou petits secrets pour assurer la réussite, sous le titre « Mon avis », aussi daté que délicieux. Sa mère déjà se servait du livre de « Tante Marie« , bestseller de l’époque. 

Puis vint Ginette Mathiot, dès les années 1930, avec son « Je sais cuisiner » :  « Elle avait déjà cette idée de faire simple. Mais j’ai encore simplifié et encore mieux fait, si j’ose », commente-t-elle en rosissant.

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Les ménagères françaises plus douées en cuisine que la moyenne : Elle note que ses lectrices françaises, y compris « la dernière des ignorantes », ont quand même plus de repères que celles d’autres pays. Son éditeur américain s’est récemment arraché les cheveux pour traduire ses cuissons de « quelques minutes ». « Les Françaises, elles ont quand même un sens de la cuisine, un flair. Je disais à l’éditeur : mettez à vue de nez », dit-elle, éclatant de rire.

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