Diplomatie & Gastronomie feraient-ils pour une fois bon ménage ?

11 déc 2014
Catégorie : Actualité Chefs & Restaurant, Chefs, Presse & Médias

 F&SDepuis toujours la gastronomie a été la grande oubliée de la diplomatie, de la politique, des gouvernements qui se sont succédés, des Ministres du Tourisme … Quand il s’agissait de gastronomie, les politiques faisaient mine de ne pas comprendre, et surtout faisaient aussitôt l’amalgame avec le Luxe, considérant que les grands chefs étaient des privilégiés, la gastronomie faisant partie du derniers de leurs soucis.

Mais les temps ont changé, les politiques ont semblent-ils pris conscience que dans une France en peine économiquement, et à la traîne dans un monde qui bouge, où les voyages et le tourisme soutienent des économies défaillantes, il fallait réagir.

La promotion de la France passe par son plus grand atout, la cuisine, sa gastronomie, ses chefs, ses produits, ses vins, ses terroirs, son savoir-faire culinaire… Alors ne rêvons pas trop, c’est avant tout la volonté d’un homme, Laurent Fabius qui s’est penché sur nos casseroles et qui a bien compris que la France pouvait profiter de cette manne pour porter de nombreux projets de promotion de la destination France.

Alors espérons que Laurent Fabius restera longtemps en poste pour accompagner la promotion de la gastronomie, quant au Collège Culinaire de France très impliqué dans ce partenariat, il semble un incontournable des ces relations diplomatiques, en espérant qu’au final ce sera toute la profession qui profitera et non seulement quelques chefs.

Retrouvez l’article intégral diffusé dans L‘Express ce jour, cliquez sur le LINK ci-dessous pour retrouver l’article dans son intégralité.

La gastronomie française a de nouveaux défenseurs: les diplomates

La gastronomie française se rebiffe. Non seulement les chefs se mobilisent, mais aussi l’ensemble de la diplomatie: menu servi dans le monde entier le 19 mars, opération Goût de France, guide Michelin… 

Le palmarès du Michelin annoncé au quai d’Orsay, des repas français servis dans les ambassades et un millier de restaurants du monde entier: la diplomatie se mobilise pour redonner toute son influence à la gastronomie nationale, face à la concurrence étrangère et aux critiques. « Les grandes tables, il faut les faire rayonner« , explique l’ambassadeur Philippe Faure. « Et puis il faut améliorer aussi tout ce qui est bistrots et petits restaurants. C’est pas souvent très bon, et très souvent c’est cher », juge le président délégué du Conseil de promotion du tourisme mis en place par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

alain ducasse

Menu à la française le 19 mars 2015

Pour prouver la vitalité et la diversité du repas gastronomique français, inscrit au patrimoine de l’Unesco en 2010, le ministère lance le 19 mars 2015 avec Alain Ducasse une opération planétaire à la manière des « dîners d’Epicure » organisés par Auguste Escoffier au début du XXe siècle.

Mille chefs de différentes nationalités sur les cinq continents, dûment sélectionnés, proposeront ce jour-là un « menu à la française »: apéritif au champagne ou au cognac, entrée froide, entrée chaude, poisson ou crustacés, viande ou volaille, fromages français, dessert au chocolat, le tout accompagné de vins français.

Opération Goût de France/Good France

Goût de France, Good of France

Il ne s’agit pas uniquement de haute gastronomie, précise Alain Ducasse; des petites tables seront parties prenantes à l’opération, intitulée « Goût de France/Good France ». Ces repas seront également servis dans les résidences des ambassades de France. Tous doivent mettre en avant les légumes, les produits de saison, éviter trop de gras, de sucre et de sel, détaille le chef multi-étoilé.

« Ma simple ambition, c’est que la cuisine française réinfluence le monde ! », résume Alain Ducasse, qui parraine d’autre part avec Joël Robuchon « Taste of Paris », festival culinaire dont la première édition est prévue en mai, et qui existe à Londres depuis 2004.

Guide Michelin dévoilé le 2 février

Autre signal fort, c’est cette année, dans les salons du Quai d’Orsay, que sera dévoilée le 2 février la sélection du guide Michelin France, en présence de Laurent Fabius.

L’enjeu est d’importance pour la France, première destination touristique mondiale (84,7 millions de touristes étrangers en 2013) puisque la gastronomie est une motivation majeure des visiteurs.

Fabius

Rude concurrence

Or la notoriété légendaire de la cuisine française est menacée, avec l’émergence d’autres pays (Espagne, Scandinavie, Pérou…) et l’influence de guides comme les « 50 Meilleurs restaurants » (World’s 50 Best), classement de la revue britannique Restaurant très décrié dans l’Hexagone, qui ne place que 5 tables françaises dans sa dernière édition. Elle est aussi régulièrement la cible d’attaques dans la presse anglo-saxonne.

« Il y a de la part des Anglo-Saxons l’idée de nous détrôner, de dire, la France, ça a été bien mais ce n’est plus ça », estime Philippe Faure, qui a été ambassadeur au Mexique, au Maroc, au Japon, et ancien président du guide Gault&Millau. « Nous ne disons pas que nous sommes le seul lieu où ça se passe mais nous ne sommes pas en voie d’extinction! »

« Une forme de la gastronomie française s’est détériorée », reconnaît-il toutefois à propos de la restauration de moyenne gamme. « On prend certaines claques qu’on mérite », poursuit-il, zn faisant allusion à la piètre restauration au Mont Saint-Michel et sur les quais de Paris.

Laurent-Fabius

Un label « Fait maison » critiqué

Pour améliorer cette offre, Alain Ducasse et Guy Savoy, auteurs d’un rapport d’étape du Conseil de promotion du tourisme -qui doit remettre son rapport final au printemps- font entre autres recommandations de réduire à trois le nombre d’entrées et de plats, d’utiliser des produits locaux et frais, non industriels. Critiquant le label « fait maison » instauré par la secrétaire d’Etat chargée du Commerce et de l’Artisanat, Carole Delga, comme un « compromis mort-né », ils appellent à mettre en place des critères plus restrictifs pour garantir la qualité.

Tous deux font partie des 15 chefs fondateurs du Collège Culinaire de France, qui a mis en place ses propres appellations : quelque 800 établissements ont été classés  » restaurant de qualité  » depuis 2013 et 125 « producteurs artisans de qualité » viennent également d’être distingués par cette association.

Reste la question financière: contrairement à la France, « beaucoup de pays ont mis de gros budgets » pour soutenir leur gastronomie, souligne Philippe Faure. Mais les financements, publics et privés, « viennent quand les idées sont claires », assure-t-il.

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