Le Chef T. Marx porte le sport en valeur repère et pense  » qu’aujourd’hui tout est à inventer, c’est la chance du 21e siècle « 

10 août 2012
Catégorie : Chefs, Non classé

Retrouvez un article communiqué par un de nos internautes et récupéré sur le mag L’Express… suivez le link ou lisez ci-dessous.

Thierry Marx : « Le sport m’a permis d’éviter l’écueil de la petite délinquance »

Regardez les JO 2012 d’un autre œil avec le think tank Sport et Citoyenneté. Neuvième épisode : le chef étoilé Thierry Marx raconte son parcours sportif. Il explique comment l’épicurisme peut être utile en cuisine comme dans l’effort physique. Chef étoilé, connu et reconnu pour sa cuisine innovante et sa personnalité atypique dans la gastronomie française, Thierry Marx dirige depuis 2010 la restauration raffinée du Mandarin Oriental, en plein cœur de Paris. Il trouve notamment son inspiration au Japon, pays pour lequel il voue une passion depuis qu’il pratique et enseigne les arts martiaux.

Vous êtes un grand sportif puisque vous pratiquez le judo et autres arts martiaux depuis des années. Le sport a donc largement participé à votre construction. Parlez-nous des valeurs du sport auxquelles vous êtes particulièrement sensible.

Thierry Marx : J’y suis sensible au point d’avoir affiché toutes les valeurs du judo français dans tous les bureaux de la compagnie Mandarin Oriental : la sincérité, l’amitié, l’humilité, la fraternité, l’honnêteté… Je viens d’un milieu social modeste et le sport et mes éducateurs sportifs m’ont permis d’éviter l’écueil d’une petite délinquance sous-jacente. Dans mon quartier, j’avais la possibilité de faire deux sports, le football et le judo. J’étais nul en foot. Et le judo, qui passait très bien sur les écrans pendant les Jeux Olympiques, ne demandait pas trop d’investissement si ce n’est l’achat d’un kimono.

Aujourd’hui, tout est à inventer, c’est la chance du 21e siècle. Non pas que les modèles du 20e siècle soient illégitimes, ils correspondaient au 20e siècle. Mais les valeurs liées au genre humain doivent être remises au centre du débat. Dans le sport, dans la cuisine, dans l’entreprise, c’est une évidence. La société a changé, a évolué. Sur les frontons des mairies françaises, on a la devise « Liberté-Egalité-Fraternité ». Ce sont trois piliers fondamentaux, trois équilibres extrêmement intéressants. Les valeurs du sport ne doivent pas s’éloigner de ces piliers.

Au sujet des athlètes, quel regard portez-vous sur ces sportifs de haut niveau qui vont se dépasser pendant les Jeux Olympiques ?

Thierry Marx : Les sportifs de haut niveau véhiculent une image positive pour le genre humain en général, en termes d’intégrité, de bravoure, d’effort. Le sport c’est le don de soi, l’ouverture. Un sportif qui réussit est une personne positive, qui dégage de la lumière. Je ne crois pas à l’athlète qui n’est qu’une mécanique. Il se cultive au fur et à mesure qu’il progresse grâce aux valeurs fraternelles d’amitié, d’effort et de construction de soi. En général, on ne se rappelle pas des résultats et de la performance mais de l’homme ou de la femme derrière l’athlète, de son côté franc, de son charisme, de ce qu’il dégage. Et pour celui qui a triché, même s’il a beaucoup de qualités, il ne laissera derrière lui que le souvenir de sa tricherie. Plutôt que de communiquer sur la lutte anti-dopage, il faut à mon sens communiquer sur ce qu’il en restera.

Et il ne reste rien de ces gens qui se sont dopés, si ce n’est que l’on ne retient que les médailles d’or retirées et le fait qu’ils ont volé la victoire aux autres. C’est là-dessus qu’il faut mettre l’accent. Les valeurs du sport, c’est aussi la vérité, la vérité avec soi-même, et la vérité avec les autres. Et les paramètres de la performance et de l’argent nuisent au sport. Je ne crache pas sur l’argent, mais ce sont les excès, l’exagération, qui corrompent le sport et l’esprit populaire. L’argent est d’ailleurs en train de faire mourir le football, avec une appropriation du culte qui n’est pas sain. Les sports moins médiatisés ne nécessitent pas autant de passion, de déchaînement. Dans le judo, nous avons des stars mais je dirais qu’elles sont comme tout le monde. Ce sont des modèles d’intégrité, de don de soi, d’effort.

Voulez-vous dire que la sur-médiatisation de certains sports et l’aspect économique entraînent les dérives que nous connaissons ?

Thierry Marx : Oui, l’idéal fantasmé de la réussite sportive économique gâche tout. Et je suis particulièrement amer face au dopage. Vous vous rendez compte de la frustration que cela peut représenter pour la vox populi de voir un athlète corrompu ! C’est une déception collective face au tricheur qui ne se nuit qu’à lui-même, en prenant un risque pour sa santé. Quand on voit le nombre d’athlètes qui se sont dopés et qui meurent à quarante ans, cela va à l’encontre de la force du sport qui est la santé. Aujourd’hui, il faut accompagner l’athlète qui est livré aux marchands du temple. Le monde du sport, comme le monde de l’entreprise, est un monde de promiscuité, où tout le monde se connaît dans la discipline, c’est un monde de respect, on y relève les performances de chacun et l’esprit de compétition doit être sain. C’est un rapport pacifique du combat. En cela, le sport tel que Pierre de Coubertin l’entendait, participe à l’accomplissement de l’homme et l’émancipation du genre humain.

Vous menez des actions aux côtés de Nike en faveur du sport populaire. Ainsi, vous prônez le sport de masse en tant que valeur éducative.

Thierry Marx : C’est intéressant de regarder un marathon, avec chacun sa performance. Je rêve d’une société qui remettrait en place les sports populaires, le sport collectif, celui des années d’après-guerre. Et dans le marathon de New York ou de Paris, j’aime y participer, même si ce n’est pas mon monde mais j’apprécie l’esprit « à chacun sa performance » où chaque participant a l’impression de pouvoir approcher les athlètes en courant avec eux. C’est ça aussi l’Olympisme, redescendre à la base et proclamer que chacun a droit aussi à de la reconnaissance. Je pense au bouddhisme qui m’a interpellé il y a quelques années, dans le fait de ne pas élever un individu supérieur, et de considérer que l’individu supérieur est en soi.

Je pense alors à cette citation : « Il faut croire en Bouddha et ne pas compter sur lui ». Cela vaut dans le sport, je dois compter sur moi et sur ma capacité à la performance, quelle qu’elle soit. L’Olympisme fabrique des modèles mais peut véhiculer le message  » vous aussi vous pouvez devenir des modèles « . C’est ce que j’ai voulu insuffler avec Nike en province, en proposant des cours collectifs le dimanche matin, dans les parcs, à partir d’un point de rendez-vous. L’idée est de faire partager des émotions sportives, à travers la pratique et la réunion de gens divers et variés.

Quels sont les rapprochements que l’on peut faire entre vos deux passions, le sport et la cuisine ? Comment l’un peut-il nourrir l’autre ?

Thierry Marx : Je pense aux écrits d’Epicure. Quand on relie l’épicurisme à la grosse bouffe, c’est une erreur monumentale. Epicure disait de boire un verre d’eau, de le goûter et de l’apprécier. On associe l’épicurisme à l’abondance alors que c’est tout le contraire, c’est l’épure. Epicure allait dans la sublimation du produit. C’est aussi l’éloge de la prise du bon temps, du bon espace, au bon moment. Pour faire un rapprochement avec le sport, chaque athlète a un métabolisme particulier. Et chaque aliment a une incidence sur ce métabolisme. Mon organisme n’est pas celui de mon voisin. Il faut prendre en compte cette spécificité. Il en va de même pour l’excès de musculation. En somme, dans tous les domaines de la vie, et cela vaut pour le sport, qu’il soit amateur ou de haut niveau, l’épicurisme dans le bon sens du terme est à méditer !

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Un commentaire pour “Le Chef T. Marx porte le sport en valeur repère et pense  » qu’aujourd’hui tout est à inventer, c’est la chance du 21e siècle « ”

  1. MABILLE

    11. juil, 2014

    Bonjour, le message est pour Monsieur Marx.
    Je me suis inscrit à un jeu concours sur France télévision « mon truck à moi » ce matin. L’idée culinaire est basé sur la soupe, je pense que c’est ça peu marché. le problème je ne suis pas cuisinier, j’ai 58 ans il faut que le projet soit construit.
    Je suis capable de beaucoup de chose sauf chirurgien.
    Est ce que vous ou quelqu’un de votre équipe peu m’aider à l’élaboration de ce projet par des conseils.
    Je suis sans travail, sans revenu, sans RSA, je suis disponible pour un stage en cuisine.
    Merci pour le coup de pousse.
    Cordialement
    Bruno Mabille
    0627392930

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