Au Conseil d’État américain, la nourriture est une arme diplomatique

19 juil 2012
Catégorie : Tendances

Hillary Clinton n’était pas ce que l’on pourrait appeler une passionnée de cuisine, femme impliquée au plus haut de l’Etat américain, personnage aux décisions tranchantes et autoritaire, sa passion c’est la politique. En 1992, lors de la campagne électorale de son mari pour accéder à la Présidence, elle avait affirmé, parlant de sa carrière : « Je suppose que j’aurais pu rester à la maison à faire des gâteaux pour accompagner le thé ».

En tant que Première dame des Etats-Unis, Mme Clinton avait pris un certain intérêt pour que les repas de déroulent au maximum à la Maison Blanche, elle avait remplacé la nourriture traditionnelle française qui était servie à ce moment-là, par une cuisine américaine contemporaine préparée par un nouveau chef américain.

En tant que secrétaire d’État, et depuis trois ans et demi qu’elle occupe le département d’État, elle a transformé la façon dont les aliments sont choisis, préparés et servis donnant une grande importance de ce qu’elle appelle la « diplomatie intelligente ».

Les repas pour les chefs d’Etat et dignitaires étrangers sont désormais utilisés comme une opportunité pour mettre en valeur la cuisine américaine, notamment l’utilisation des produits locaux, et de faire découvrir les traditions culinaires aux visiteurs. Le ministère a nommé un chef cuisinier pour la première fois, et invite régulièrement des chefs extérieurs de renom pour cuisiner. Pour le dernier « Independance Day », elle a même organisé un concours de cuisine pour élire le meilleur dessert à la pomme réalisé par les familles des ambassadeurs.

La cuisine est une des valeurs souvent trop négligée par la diplomatie dit-elle, et de rajouter  » les repas que je partage avec mes homologues à mon domicile et à l’étranger permettent de cultiver une meilleure compréhension culturelle entre les pays et offrent un cadre unique pour améliorer la diplomatie formelle que nous menons tous les jours », des négociations difficiles prennent souvent place autour de la table.

Avant, le département d’Etat s’appuyait exclusivement sur les traiteurs locaux, mais depuis 2009, une unité spéciale a été créée pour gérer toutes les activités de la secrétaire d’État lorsqu‘elle accueille des dignitaires étrangers et les rencontres officielles. Tout est géré en interne, seules sont sous-traités les grandes réceptions.

Les produits sont achetés localement et de façon saisonnière, les consommés crémeux ont été remplacés par des gaspachos de légumes et les produits de la mer mis en avant, notamment la chair de crabe du Maryland. La cuisine doit avoir du style, du goût et les produits biologiques utilisés au maximum, les traiteurs qui interviennent doivent se plier à ces exigences.

Robert Barnett, un avocat de Washington qui est fréquemment invité au département d’Etat par le biais de nombreuses administrations, décrit ses deux derniers déjeuners autour de dignitaires étrangers en visite  » visiblement merveilleux « , dans le passé,  » la nourriture ressemblait à celle des rues « .

Mme Clinton, souvent à l’étranger, déclare que la nourriture est clairement un outil diplomatique. Avec l’appui de son chef Walter Scheib, ils ont voulu que les grands producteurs soient représentés par leurs produits dans les assiettes et que la cuisine, en plus d’être bonne, soit bien présentée. Mme Clinton désire savoir d’où proviennent les produits qui sont servis à table.

Lors d’une visite diplomatique importante, le chef peut introduire dans le menu un plat à connotation locale des invités, mais seulement pour un clin d’œil à leur culture, dans l’esprit d’une cuisine fusion, mais il n’essaye pas de réaliser les plats traditionnels d’autres pays que les visiteurs réaliseraient mieux.

Lors de certains dîner, le département d’État fait appel à des chefs reconnus pour réaliser les dîners. C’est ainsi que certains chefs célèbres ayant pignons sur rue aux USA se retrouvent, le temps d’un dîner, à la tête des cuisines du département d’État.

Avant chaque repas, pour palier aux réunions qui traînent, Mme Clinton insiste pour qu’un grignotage soit à disposition des invités. Lorsque des Chefs d’Etat en visite passent la journée au siège, ils ont accès à une salle proche des salles de réunions où ils peuvent se restaurer tout au long de la journée.

Mme Clinton organise maintenant des échanges culturels entre les enfants des ambassades étrangères et des écoliers locaux. À chaque échange, les thèmes sont différents : les raviolis chinois, les sablés britanniques, le thé à l’anglaise, des leçons de pliage de serviette…

Mme Clinton a déclaré qu’elle envisage de démissionner l’année prochaine, mais les initiatives alimentaires sont en cours d’institutionnalisation au bureau du protocole, pour faire perdurer les initiatives après son mandat et continuer à miser sur l’importance de la nourriture dans la culture populaire américaine.

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