Révolution internet pour les guides gastronomiques ?

14 avr 2012
Catégorie : Presse & Médias

Un article paru sur le site internet de Rue 89 transmis par une des fidèle lecteur du Blog des frères Pourcel… On y apprends pas grand chose de nouveau, l’avenir proche diras si cette évolution de fonctionnement tiendra ces promesses !

Bonne lecture…. lisez ci-dessous ou cliquez sur le link.

Les internautes, critiques du « Guide Michelin » : tollé dans les cuisines

S’il est une institution qui pouvait résister à la révolution 2.0, ce devait être le « Guide Michelin ». Ses critiques de restaurants ne reposaient-elles pas sur le travail secret d’une petite équipe extrêmement formée, l’inverse même des bons tuyaux échangés entre internautes ? Et pourtant, lui aussi succombe au charme du participatif, non sans soulever un tollé dans les cuisines étoilées.

Avait-il le choix ? Vendu à 500 000 exemplaires il y a encore quelques années, le « Guide Michelin » est en perte de vitesse. En 2010, ses ventes plafonnaient à 107 000 exemplaires. Pour inverser la tendance, la bible des gourmets a fait sa révolution numérique : Michelin Travel Partner, qui gère les activités numériques du groupe, vient de lancer Restaurant.Michelin.fr, annuaire des restaurants et guide en ligne, avec pour ambition de devenir le leader du marché.

Sur ce site, les 4 300 restaurants sélectionnés dans le guide papier seront soumis aux évaluations des internautes : sous un encart réservé aux inspecteurs professionnels, une large place est laissée aux avis des gastronomes anonymes encouragés à noter les établissements.

Certains grands chefs ont déjà fait part de leurs réticences. Inquiets pour leur réputation, ils redoutent aussi de voir le guide de référence perdre toute légitimité.

Ducasse : « Si vous laissez les commentaires ouverts… » Lors de la présentation du site dans sa version bêta, début mars, le chef Alain Ducasse avait prévenu : « Si vous laissez les commentaires ouverts, ce sera un tollé dans la profession. »

D’autres sont restés plus mesurés, comme le restaurateur Sébastien Bras, cité par Libération. Nulle raison de s’inquiéter selon lui : « S’ils veulent continuer à exister, cette ouverture aux internautes est indispensable. De toute manière, les avis de clients et le bouche-à-oreille ont toujours été notre meilleure publicité, avant même l’arrivée d’Internet. »

« Cinq minutes pour évaluer une table » Alain Cuq, directeur général de Michelin Travel Partner, s’est voulu rassurant lors de la présentation du site aux professionnels : selon lui, il offre le maximum de garanties possible pour éviter les spams. « Il faut obligatoirement s’inscrire sur le site [en fournissant une adresse e-mail, ndlr], et passer au moins cinq minutes pour évaluer une table. »

L’internaute doit en effet remplir une fiche d’appréciation basée sur quatre critères d’évaluation pour ensuite rédiger un commentaire personnel. Ce système doit garantir « un maximum de traçabilité » et éviter les notes fantaisistes. Mais est-ce bien suffisant ? D’autres sites internet ont déjà été épinglés pour des notations trompeuses.

Tripadvisor, un mauvais exemple ?

En ambitionnant de devenir le portail de référence pour la recherche en ligne de restaurants, Michelin s’inspire directement du succès du site de voyages Tripadvisor. Entièrement basé sur les notes des internautes, celui-ci est entré en Bourse le mois dernier.

Mais en dépit de sa popularité, le site a été sévèrement mis en cause par l’Advertising Standards Authority (ASA) britannique au mois de février. L’agence qui surveille de près la publicité a demandé à Tripadvisor de ne plus « revendiquer ou laisser entendre » que les avis de son site proviennent de « vrais voyageurs, ou sont honnêtes, réels ou fiables ». En effet, de gros soupçons planent sur l’authenticité des commentaires laissés sur le site : nombre de ces avis seraient en réalité fabriqués de toute pièce par des sociétés spécialisées dans la e-réputation.

Sur Zagat, une copie de la note du restaurant

Didier Chenet est président du syndicat national des hôteliers, restaurateurs, cafetiers et traiteurs (Synhorcat). Le passage du papier au Web est « quelque chose de très fort » dans l’histoire du « Guide Michelin » et requiert évidemment une très grande prudence. « Bien évidemment, le papier devient de plus en plus vite obsolète. Les choses évoluent tellement plus vite ! Mais de là à permettre à n’importe qui de dire n’importe quoi sur Internet… J’ose espérer qu’ils vont faire très très attention. »

Didier Chenet rappelle que lors de son lancement sur Internet, le « Guide Zagat » (désormais propriété de Google) exigeait des garanties « très importantes » aux internautes qui souhaitaient poster une critique. Jusqu’à réclamer une copie de la note du restaurant pour s’assurer de l’honnêteté de l’évaluation. « C’est tout le problème de ces sites d’opinion : les garanties d’anonymat empêchent de vérifier l’identité réelle des internautes. On assiste alors à toutes sortes de dérives. Le “Guide Michelin” prend le risque de se décrédibiliser si un contrôle rigoureux n’est pas appliqué. »

Modération a posteriori

Le lancement du site Michelin restaurants a d’ores et déjà été retardé de quelques semaines, afin de peaufiner son système de modération. Celle-ci se fera a posteriori, pour éliminer les commentaires désobligeants, malveillants ou à vocation publicitaire. Chez Michelin, on assure que le site offre « les meilleures pratiques du moment pour conduire à des avis de qualité ». Pour éviter à tout prix de brouiller l’image d’une marque de prestige.

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