De Villepin : pression sur les Relais & Châteaux

12 déc 2011
Catégorie : Presse & Médias

Sources : JDD

Les quatre écoutes de Dominique de Villepin

À trois jours de l’annonce de sa décision sur sa candidature à la présidentielle, le fondateur de République solidaire assure au JDD être « totalement étranger » à cette affaire.

Le dossier d’instruction du juge Poli comporte quatre écoutes de l’ancien Premier ministre, entre le 11 et le 28 janvier 2010. Dans la première, Dominique de Villepin informe son ami Régis Bulot qu’il déjeune le lendemain avec son rival, Jaume Tàpies, l’actuel patron des Relais & Châteaux.  » Qu’est-ce que tu veux que je lui dise ? « , interroge Villepin. Les deux amis prévoient de se rappeler le lendemain matin. Bulot rappelle donc le 12 janvier, à 9h28. Il accuse son successeur d’avoir monté l’affaire : « Je me souviens quand Jaume me disait qu’on lui avait dit que j’avais acheté ton amitié, que je t’avais offert des vacances en Martinique », commence Bulot. « Y a rien, rien là-dessus », réagit Villepin. « T’as toujours tout payé ce que t’as fait », continue Bulot. « Bien évidemment! », dit Villepin sur écoute. Au téléphone, Régis Bulot raconte le système des surfacturations et les espèces tout en niant. « C’est complètement dingue », réagit l’ex-Premier ministre.

À 15h37, en sortant du déjeuner, DDV rappelle son ami. Il fait stopper sa voiture pour pouvoir lui parler discrètement. Dans cette écoute de deux pages, révélée cette semaine par Le Monde, Villepin raconte leur avoir « flanqué une trouille dix fois au-dessus de ce qu’ils imaginaient ». Lors de son audition du 18 novembre devant le juge Poli, après ses aveux concernant les rétrocommissions, Régis Bulot a été interrogé longuement sur ses relations avec « son ami ».

« Que ça ne s’ébruite pas »

« Cet argent a-t-il été utilisé dans le cadre d’un financement politique », commence le magistrat. « Non, personne n’était au courant », assure Bulot. « À quel titre Dominique de Villepin est-il intervenu ? », poursuit le juge. L’ancien président des Relais dément « toute intervention ». « Dominique de Villepin n’utilisait pas les services de Relais & Châteaux, il m’appelait pour faire une réservation, je faisais réserver par notre centrale et c’est lui qui payait, il n’a jamais bénéficié d’une gratuité », assure le mis en examen.

Concernant les vacances en Martinique, « en janvier 2005″, Régis Bulot assure que Villepin a payé la note, comme l’affirme aussi au JDD Marie-Laure de Villepin. Le juge insiste : « Pourquoi M. de Villepin veut-il parler de cette affaire en dehors du téléphone portable ? Qu’aviez-vous à cacher ? » « ça doit être un réflexe », suggère Bulot. Jean-Baptiste Poli demande pourquoi l’ancien Premier ministre pense « les avoir retournés »… « Ils ont compris qu’il ne fallait pas communiquer auprès des adhérents et que la presse s’empare de ça pendant l’instruction », analyse Bulot. Pourquoi évoque-t-il « le plus gros feu d’artifice des prochaines années ? », questionne le juge. « Je ne vois pas ce que ça veut dire dans sa bouche », réplique Bulot en concluant son interrogatoire. Interrogé par le JDD, l’ancien Premier ministre se dit « concerné en rien par cette affaire », dont « il ignore tout », et réaffirme n’avoir jamais été « invité » dans un Relais et Châteaux.

Dans la dernière écoute, en date du 28 janvier 2010, jour de sa première relaxe dans l’affaire Clearstream, Villepin réserve, via Régis Bulot, une table pour déjeuner avec ses amis Alexandre Djouhri et Henri Proglio. « Que ça ne s’ébruite pas », disait-il à Bulot, ne se sachant pas sur écoute. Raté.

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